30 Mar 22

Moonday et CinemApp : la revanche des médias sociaux de niche ?

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Il y a quelques semaines, un média social a fait son apparition dans ma petite ville de province. Il s’appelle Hoplr, et est l’initiative d’une entreprise gantoise. La particularité d’Hoplr, c’est son caractère hyperlocal : vous n’êtes en contact qu’avec les habitants de votre quartier, dans un rayon d’environ 5 kilomètres. Et, aussi, avec l’administration locale. Car le modèle économique d’Hoplr est assez particulier. Ce sont les communes qui gèrent l’implantation du réseau, et qui financent le service. Et ça marche: plus de 600.000 utilisateurs à ce jour, avec seulement quelques marchés approchés : Belgique (principalement la Flandre), Pays-Bas et Luxembourg. Le tout avec un taux de pénétration assez impressionnant dans les communes qui l’ont implémenté: entre 10 et 30 % des ménages.

Au-delà de Meta et consorts

Pourquoi je vous parle de cela ? Parce qu’il existe une sorte de continent inexploré dans le marketing digital : celui des médias sociaux dits “de niche”. Tout le monde parle de Facebook, d’Instagram, de Youtube et de TikTok. Mais derrière ces monstres qui dominent le monde ou tentent de le conquérir en mode Blitzkrieg, il existe une foule de “petits” réseaux, qui ont créé un modèle pérenne en suivant un autre chemin : celui de ne s’adresser qu’à une communauté et une seule.

Même dans ce segment-là, il y a néanmoins des acteurs globaux, comme Twitch et Discord, qui ont tous deux séduit le secteur du jeu vidéo avant de s’étendre à d’autres secteurs. Ou Pinterest, qui a une approche plus shopping. Notons que ces trois acteurs ont réussi ces dernières années à se hisser largement au-dessus des 300 millions d’utilisateurs, soit plus que Twitter qui, pourtant, est au centre de l’attention de la presse par exemple.

A côté de cela, il existe d’encore plus petits réseaux, comme Strava, qui permet de partager et suivre les activités sportives de fans de jogging et de cyclisme. Je pourrrais aussi vous parler de Houzz, pour les adeptes de la déco, Mapstr pour les voyageurs, ou 21 Buttons pour les amateurs de mode. Il existe aussi des réseaux de bibliophiles, de fans de jeux de plateau, etc, etc, etc

Small is better

Mais ceci est un podcast sur le cinéma et, évidemment, j’ai envie de faire la rapprochement de tout cela avec notre activité. Car, mine de rien, la structuration de notre industrie correspond en tous points aux caractéristiques de ces réseaux: à la fois hyperlocal, et s’adressant à un public aux goûts clairement identifiés.

L’avantage premier qu’ont ces types de réseaux, c’est qu’ils mettent en avant la qualité plutôt que la quantité. Là où les grands réseaux dominants sont devenus des flux ininterrompus de messages qui en deviennent presque intimidants, où les nouvelles fonctionnalités transforment l’usage de l’application en usines à gaz et où les algorithmes font le tri pour nous (pour le meilleur ou pour le pire), ici les communautés sont plus petites, plus gérables, et surtout, bien plus bienveillantes.

Le deuxième avantage, c’est qu’on sait exactement ce qu’on vient y chercher. Là où, sur Instagram, on doit se farcir les autopromotions, les délires narcissiques ou des mêmes recuits avant de trouver une information qui, peut-être, nous intéressera, on va sur ces réseaux avec une réelle intentionnalité. Et donc, avec une réelle attention. Ces réseaux proposent un service précis, et rien d’autre.

La niche cinéma

Vous me direz, tout cela est bien beau, mais ça n’existe pas chez nous. Eh bien si! L’exemple le plus connu dans la francophonie est Sens Critique, un site et une application française qui recense tout ce qui fait la culture populaire du moment, et où les utilisateurs peuvent coter, lister et critiquer leurs oeuvres favorites, que ce soit un film, une BD, un jeu vidéo ou une série.

Mais notre petit pays se réveille aussi: Il y a d’une part l’application Moonday, qui s’adresse plutôt aux professionnels du secteur, et qui se veut le LinkedIn du cinéma. Créée juste avant le CoVid, la plateforme démarre maintenant réellement son installation. Le service propose à la fois une fonction de timeline, pour y partager des informations sur le secteur, que ce soit des organes de presse pro ou des utilisateurs eux-mêmes; et une fonction de management de la partie commerciale des films: films à suivre, gestion des droits, workflow des équipes sur les marchés et ailleurs, et beaucoup d’autres.

D’autre part, une application grand public est elle aussi en train d’émerger. Elle s’appelle CinemApp et sa première itération vient à peine de voir le jour en 2022. Il s’agit là d’une application qui compile les films et séries présents autant en salle que sur les plateformes disponibles sur notre territoire. Elle permet aux utilisateurs de créer des listes, de films attendus, de leurs films et séries préférées, de thématiques particulières. Elle permet aussi de suivre des amis ou des personnes qui agissent comme des micro-influenceurs. Dans ce sens, elle s’approche du fonctionnement de Sens Critique. CinemApp se base sur une autre application développée par la même équipe, destinée aux distributeurs, ce qui lui permet d’obtenir des informations et du matériel de première main pour alimenter sa base de données. L’application est disponible en format web sur Cinemapp.com, Les applications Android et Apple vont suivre très prochainement.

Avec deux approches très différentes, ces deux applications couvrent, selon moi deux segments de marché assez prometteurs. J’en suis moi-même un des premiers utilisateurs, et m’implique même un peu plus dans le développement de CinemApp pour la Belgique francophone.

Si vous lisez ce blog ou écoutez mes podcast, vous commencez à savoir que je pense qu’il faut travailler à recréer un lien dans la communauté cinéphile. Ces deux applications en prennent le chemin, chacune à sa manière. Il vaut le coup de s’y intéresser.


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