17 Jan 24

2024, l’année où tout va changer pour les séries belges ?

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Il y a un an de cela, je faisais quelques prédictions pour les mois à venir. Parmi celles-ci, celle d’un nouvel élan pour les séries belges, avec le retour dans le giron national de la chaîne privée RTL.

Et, ça y est, nous y sommes. Sur cette année 2024, des projets de séries destinées à l’opérateur privé vont enfin être développés.

Et ceci n’est plus une prédiction, comme tout le milieu audiovisuel belge le sait. RTL va produire des séries. Cela pour une raison simple : en arborant à nouveau pavillon belge, la société privée peut elle aussi revendiquer l’accès au Fonds de la Fédération Wallonie Bruxelles destinée aux séries.

10 ans de productions de séries

Pour rappel le Fonds des séries a été créée il y a tout juste dix ans, conjointement par la Fédération et la RTBF. Son but était d’enfin créer et structurer une industrie des séries en Belgique Francophone, au moment où l’âge d’or des séries était en train de toucher l’Europe.

A cette époque, alors que la Flandre a, comme à son habitude, une longueur d’avance, le format série est pour ainsi dire inexistant chez nous. Et est même encore regardé avec un certain dédain par les professionnels de la profession.

10 ans plus tard, tous les producteurs d’une certaine envergure ou presque se sont engouffrés dans la brèche. La Belgique francophone arrive même à monter des coproductions, avec Arte pour la série Des Gens Bien et avec … la Flandre pour la série belgo-belge 1985, sur l’affaire des tueries du Brabant.

Mais le mouvement a aussi ouvert l’esprit des diffuseurs eux-mêmes, plus enclins à prendre certains risques sur des formats moins explorés ou abandonnés avec le temps, comme la capsule humoristique de 3 minutes, les formats courts de 12 à 15 minutes pour les plateformes, et plus récemment, l’achat et l’adaptation de licences à succès comme la série Trentenaires. Sans oublier le format 30 minutes pour les comédies, inaugurée par la série Baraki.

En route vers la phase 2

C’est donc en quelque sorte une phase 2 qui s’ouvre aujourd’hui avec la transformation du Fonds des Séries en commission Séries à part entière. Celle-ci se mettant doucement en place, on sait encore assez peu de choses sur son fonctionnement précis, si ce n’est qu’elle restera structurée en 3 phases, avec une aide à l’écriture, suivie d’une aide au développement et enfin une aide à la production.

Mais ce qu’on sait avec certitude, c’est qu’au moins le groupe RTL proposera des projets dès la prochaine commission, en plus de la RTBF. L’entreprise ne s’est pas cachée de ses ambitions sur ce terrain depuis son retour sur le territoire belge. En achetant des licences juteuses par exemple, comme le reboot de Plus Belle La Vie, historiquement chasse gardée du service public.

Mais surtout en informant les professionnels de leurs ambitions en termes de production. Leurs critères sont évidemment plus liés aux parts de marché et au potentiel publicitaire, qui guideront leurs choix éditoriaux. Ce qui, en soit, est une bonne chose.

Au-delà du discours convenu sur les bienfaits de la saine concurrence, qu’est-ce que cette évolution du paysage des séries peut-il apporter ?

(Encore) une histoire flamande

Pour cela, il est nécessaire de nous tourner vers nos marchés voisins immédiats, la France et surtout la Flandre. Car, il ne faut pas l’oublier, RTL-TVI est aujourd’hui l’une des marques du groupes Rossel et du géant flamand des médias DPG Media Group, avec son vaisseau amiral VTM. Nul doute que RTL pourra profiter, peu ou prou, de l’expérience accumulée par sa voisine flamande.

On ne reviendra pas ici sur le succès insolent de la chaîne, qui a été la cheville ouvrière du star system flamand. Mais plutôt sur l’influence qu’a eu son existence sur le reste du paysage médiatique flamand, y compris les chaînes publiques.

Il y a maintenant plus de 30 ans, l’arrivée de ce groupe privé a été un véritable séisme en Flandre, qui a amené les chaînes nationales, fort ronronnantes, à se réinventer. Non seulement dans leur grille de programmes, mais aussi dans la manière de les produire.

Alors que, presque dès les début, VTM enquille les succès avec des talk shows mais aussi des soap qui existent toujours aujourd’hui, la VRT, la radio et télé publique, doit elle aussi changer la manière dont elle fait de la télé. Et elle le fait d’une manière inédite pour l’époque : elle délègue la productions à des tiers.

Essor de la production déléguée

Désormais, ce seront des sociétés comme Woestijnvis ou Studio 100 qui fourniront les émissions-phares de l’opérateur public. Puis viennent les séries. Si certaines soaps sont toujours produites en interne, la production devient là aussi de plus en plus décentralisée.

Aujourd’hui, sur la base solide de 3 ou 4 soaps indéboulonnables, une réelle industrie de création audiovisuelle fournit les deux opérateurs. L’un avec des titres commerciaux, l’autre avec des projets un peu plus osés économiquement.

Si je prends l’exemple de la Flandre, c’est qu’il est le plus proche de notre situation en termes de taille de marché. Mais le même constat peut se faire, à plus grande échelle, sur la marché français.

Quoi qu’il en soit, l’arrivée d’un nouvel opérateur a forcé l’opérateur public à revoir sa stratégie. Avec comme conséquence immédiate une émulation qui a conduit à la structuration du marché des séries.

On peut espérer que l’arrivée de RTL sur la marché des séries en fera de même. Tous les acteurs de l’industrie, y compris la RTBF, sont conscients qu’il s’agit là d’un jalon indispensable pour professionnaliser un peu plus notre propre marché.

Il ne reste plus qu’à en attendre les résultats concrets.


Tags

production, série, Télévision


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